LeuttttueL 7040

Intervention
Champs Élysée, Paris
France, 8 Décembre 2018
Acte IV

“L’explosion Gilets Jaunes surprend la France entière. En 3 semaines, les occupations se multiplient : ronds-points et péages, blocages de ports, de lycées, de raffineries, de centres logistiques… menant, en quelques jours, à des manifestations de plus en plus sauvages, attaquant locaux institutionnels, centre-ville commerciaux, commissariats, préfectures… Les évènements s’enchaînent avec une rapidité inédite tandis que les militants plus traditionnels hésitent encore à les rejoindre. Il faut dire que la révolte trouble les codes et brouille les repères habituels en se revendiquant « apolitique » tout en s’unissant derrière un mot d’ordre dégagiste radical « Macron démission ». Avec le recul il paraît évident que ce moment fût le plus extatique, au sens où de nombreux possibles pouvaient s’y ouvrir.


Le 1er décembre, la riche population de l’Ouest parisien tremble pendant que les forces de l’ordre paniquent, débordées. Il n’en faut pas plus pour qu’aux quatre coins du pays, des milliers de gilets jaunes et autres sympathisants s’organisent pour monter « à l’assaut du ciel » le week-end suivant. Manitou est de la partie. Le 8 décembre, il introduit les Champs Élysées par une rue adjacente. Grâce à un timing dont il gardera le secret, il parvient à ne pas se faire fouiller et à rejoindre la foule. Il est habillé d’une veste à capuche orange et bleu marine type worker Australien sur laquelle sont cousues des lettres de son alphabet; son visage est masqué derrière une cagoule rétro-réfléchissante et, surtout, armé d’un pot de peinture plein et d’un pinceau de circonstances.



L’espace public est alors entièrement occupé par des manifestants que l’on a rarement vu aussi divers : groupes de provinciaux plus ou moins jeunes, parfois familiaux ; groupes de travailleurs, syndiqués ou pas, mais souvent équipés pour en découdre ; autonome Black blocs que l’on imagine rôdés depuis la Zad ou depuis la lutte contre la Loi travail de 2016 ; retraités en colères ; paysans explosant leurs cannes à feu remplies de soufre sur la chaussées ; uniformes militaires, drapeaux régionaux, français, pancartes conspirationnistes mais aussi jeunes de banlieues parisiennes issus de l’immigration, étudiants curieux, livreurs Ubers… En bref, une variété de profils inédite mais aussi inattendue, tant les médias avaient tôt fait de catégoriser le GJ sous l’unique étiquette « France périphérique ».
Pour éviter les pillages massifs de la semaine précédente, toutes les boutiques des Champs Élysées sont recouvertes de grandes planches de bois… Manitou entre en scène et s’empresse d’y inscrire plusieurs « LUTTE » au rouleau avec la peinture grise RAL7040. En intervenant de la sorte, il y apporte sa double posture d’artiste et de militant. Les lives BFM se positionnent devant ces gigantesques inscriptions ce qui donnera à ces œuvres éphémères un écho d’ampleur national. Mais pendant que les grenades explosent à une rue de là, une équipe de la BAC se charge d’interpeller l’artiste.




Gardé en otage pendant de longues minutes avant de disparaître dans un camion de la gendarmerie, Manitou continue d’assister à l’émeute assis derrière ses agresseurs. Pendant ce temps, la vidéo de son interpellation circule déjà sur de nombreux comptes Snapchat et Telegram aux centaines de milliers d’abonnés (Salade Niçoise, La France en colère…).”

Texte : Loïc Bouzereau





Crédit photo et vidéo : Lola Metz 



INDIGNEZ VOUS!

Intervention
Ecusson de Montpellier, France,
15 Décembre 2018

Acte V

“Le lundi même de notre retour à Montpellier, après deux jours de garde-à-vue, Manitou parvient à réunir en quelques heures une très grande majorité de signatures d’étudiants favorables à l’occupation de l’École des Beaux-Arts de Montpellier. Décorations, confections d’affiches et banderoles, assemblées générales, fourmillement créatif autour de la couleur jaune, discussion militante pour contextualiser le mouvement GJ…



Cette ébullition aboutira à l’intervention d’une bonne équipe de l’École des Beaux-Arts de Montpellier lors de l’Acte V des GJ. Lors de celle-ci, les occupants de l’école se présentent avec un char construit par leur propre soin. Manitou ouvre la marche équipé d'un drapeau en feutre jaune grand format monté sur une perche de piscine. Le groupe se dirige alors en direction du cortège déjà présent sur la place de la Comédie. Une fois dans la foule, ils distribuent des étendards de fortune jaunes, proposant à qui veut d’y inscrire le message de son choix. La manifestation est festive et cette participation est reçue positivement par la foule : le char finira même par guider le cortège à la demande des GJ ! L’apport des étudiants aide au mouvement de ne pas connaître de grosses baisses de motivation avant les fêtes de Noël.







Après les vacances scolaires, le 5 janvier, Montpellier connaîtra une émeute qui restera comme une des plus violentes de ces dernières années…”

Texte : Loïc Bouzereau




Crédit photo/vidéo : Lola Metz, Montage: Guillaume Martin-Taton





RAL 7040

Intervention
Montpellier, 2016

RAL7040 est une intervention visant à censurer certain éléments urbains choisit par l’artiste. Ces interventions sont en réaction à la censure effectuée par l’entreprise Ciel Vert, elle même missionée par la ville de Montpellier pour repeindre les graffitis du centre ville. La référence RAL 7040 utilisée est à la base connue sous l’intitulé de “Gris fenêtre” et porte aujourd’hui le nom chez certains coloriste de “Gris de Montpellier”. C’est le cas de Peintural, fournisseur officiel de la ville.



Crédit vidéo : Alban Delbourg

Dans la ville, les employés de Ciel Vert sont donc misssionés pour repeindre les tags, mais attention pas n’importe lesquels. Dans sa politique, la ville se veut jeune et ouverte, le “street art” y a donc toute sa place. Au bon vouloir des employés, s’improvisant critique d’art ou de street art plutôt, les inscriptions, dessins, collages, pochoirs, tags se voient l’opportunité d’exister ou non sur les murs de la cité.
Si le protocôle de repeindre les rues ne distinguait pas tel ou tel forme d’expression alors la censure aurait/pourrait avoir un sens? On invoquerait la propreté ou la pollution visuelle. Mais à n’en choisir qu’une partie sans laissé exister l’autre, on force le spectateur à n’avoir qu’un point de vue, qu’un avis.
Si j’avais ce gris entre les mains, le pouvoir de la censure, qu’irai-je repeindre ?
La peinture monochromatique est étalée sur des 4/3. On m’a souvent dit que la publicité était comme une fenêtre sur une monde imaginaire. Içi, la page est grise.






Container 7040

Intervention
Montpellier, France
2016